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Mon Chemin


Après avoir été avocat durant quatre années, j’ai exercé le métier de notaire durant plus de 20 ans et je me suis épanoui dans ce métier. Le notariat est un métier d’écoute et j’ai de l’empathie pour l’autre, ce que pense l’autre m’intéresse et me préoccupe. Cela nous tenait à cœur avec Anne-Claire, mon épouse, de créer une entreprise dans laquelle il existait une véritable attention à l’autre, une solidarité, ce qui, au passage, est à la fois bon pour les êtres humains que nous sommes, mais aussi profitable pour l’entreprise, les salariés étant plus concernés et impliqués dans l’entreprise. Je ne dis pas que tout a été parfait, il y a eu des ratés, j'ai commis des erreurs, mais nous aurons essayé. Je suis aussi très fier de l’équipe que nous avons formé ensemble avec mon épouse et l'ensemble des personnes travaillant à l'étude. Je pense que l’on peut s’épanouir en exerçant son métier même s’il ne constitue pas une vocation à la base (ce qui était mon cas), en se donnant à fond dans celui-ci, en faisant de son mieux, en constatant la reconnaissance des clients, l’épanouissement des salariés et bien sûr en gagnant sa vie.

Malgré cela, je sentais, de manière diffuse et depuis plusieurs années, que j'étais appelé à autre chose, quelque chose qui venait du plus profond de moi, que je n’arrivais pas à saisir, à définir… (Et qui n’est peut-être pas encore tout à fait clair, à vrai dire, aujourd'hui, cela me dépasse un peu).

 

Certains thèmes ou faits m’interpellaient, le tout dans le désordre :

— Dans mon village, le supermarché, intermédiaire par excellence, a une poissonnerie, une boucherie, une boulangerie, une station essence, etc., il existait avant deux boucheries indépendantes, la seconde a fermé l’année dernière, plus de poissonneries non plus….

— Lors de la première journée de manifestation des gilets jaunes, ceux à côté de chez moi n’étaient pas des casseurs, mais juste des gens qui faisaient un feu autour d’un rond-point, distribuaient des tracts et refaisaient le monde (du moins, j'imagine !) autour d’un verre, ils ont réinventé une certaine solidarité, un lien social. Dans ce tract, il y avait tout simplement indiqué : "arrêtez de faire des courses au supermarché, achetez local, payez en liquide…."

— Je supporte de moins en moins les discours politiques creux, les mises en examen successives d’hommes ou de femmes politiques, les anciens responsables politiques engagés par les Goldman Sachs ou autre entreprise privées qui laissent à penser que tout est pourri ou plutôt que le monde est dirigé par les financiers, monde dans lequel l’argent est le moteur alors que cela devrait être l’être humain….

— Je ne supporte plus que les décisions soient prises en fonction de motifs exclusivement financiers. Tout cela me fait tourner la tête, tout cela est très loin de notre réalité quotidienne. Et, j'arrive à me dire que l'on ne peut rien changer, que tout se décide au niveau européen, voire mondial, que nos gouvernements ne peuvent plus rien faire…  J'en arrive à ne plus croire en la politique et à baisser les bras…  Se fondre dans la masse et profiter au maximum de ce système capitaliste et individualiste

Mais, je peux aussi me dire : si on veut changer les choses, cela peut se faire par une prise de conscience collective qui viendra d'une prise de conscience et d'une décision individuelle de changement

— Et progressivement mon attachement à la nature que j’avais senti étant plus jeune s’est fait à nouveau sentir et s’est renforcé. Lors d’un WE de "travail sur soi", de relecture de ma vie, je me suis retrouvé surplombant une forêt et j’ai ressenti physiquement un lien très fort me liant à la nature et montant vers le ciel : je fais partie d’un tout, lié à ce tout et tourné vers quelque chose qui me dépasse. Depuis je sens une proximité presque physique avec la nature et notamment avec les arbres.

 

Ce changement a un aspect aussi très spirituel
De retour à l'essentiel, d'un retour à une foi que j'avais mise sous le boisseau.

 

J’ai longtemps cherché que faire et finalement le mieux est d’aller à la source, d’être dans la nature et produire : en trois mots : faire ma part selon l'expression chère à Pierre Rabhi.

 

- Deux livres m’ont particulièrement marqué et m’ont confirmé dans le changement que j’avais entrepris :

>le livre « demain » de Cyril Dion me rejoins dans mes aspirations et notamment page 54 :

« OLIVIER : Il y a une nouvelle histoire de l'agriculture à écrire, et elle passe en premier lieu par une relocalisation des systèmes agroalimentaires. Les politiques doivent être moins sectorielles (politique de l'emploi, de l'agriculture, de l'éducation) et plus territorialisées. Cela signifie créer des liens plus étroits entre producteurs et consommateurs, avoir une plus grande diversité à l'échelle de chaque région, qui permette aux territoires de subvenir autant que possible à leurs besoins, qui améliore leur résilience par rapport aux chocs extérieurs et qui aide les populations à se réapproprier les systèmes agroalimentaires dont elles dépendent. Depuis cinquante ans, l'agriculture a été incitée à aller dans la direction opposée. Les chaînes d'approvisionnement sont toujours plus longues, les marchés internationaux restent l'obsession des gouvernements, les entreprises sont toujours plus importantes et plus concentrées. Il faut aller vers une décentralisation et une relocalisation de l'agriculture. »

Et page 60 et 61 :

« OLIVIER : Au terme d'un mandat de six années à parcourir le monde et à produire des rapports sur le droit à l'alimentation, j'arrive au constat que la transition doit venir par le bas. On a trop longtemps compté sur les politiques publiques, sur les gouvernements pour opérer le changement. Ce sont les innovations sociales dont les citoyens sont porteurs, celles où les petits agriculteurs s'allient avec les consommateurs et les autorités locales pour inventer de nouvelles manières de consommer et de produire, qui peuvent conduire le changement. Le rôle des gouvernements doit être d'accompagner cette transition, sans l'imposer d'en haut. C'est important d'avoir des réglementations et des  incitations économiques adéquates, mais ce sont les citoyens qui doivent décider de quel système agroalimentaire, ils veulent dépendre. Je crois que c'est de là que l'espoir peut venir. C'est la raison pour laquelle je me suis beaucoup intéressé aux mouvements de transition. Ils appellent de notre part une autre conception de la démocratie. La véritable démocratie, c'est la décentralisation des solutions, c'est récompenser l'inventivité à l'échelle locale. C'est dans cette direction que nous devons aller pour reconstruire nos systèmes alimentaires. »

 

>le livre de Philippe ROYER : « S’engager au service du bien commun » m’a permis de mettre des mots sur ce que je ressens au plus profond de moi. L’auteur part du constat selon lequel  la chute du mur de Berlin a marqué la fin de la bataille des idéologies Marxisme contre capitalisme. Il en ait résulté une nouvelle illusion : le marché et l’ultralibéralisme allaient régler tout les problèmes. D’une personne, on est passé à un individu  puis un individualiste : le modèle proposé impose toujours plus de performance procurant toujours plus d’argent, permettant de consommer toujours plus, la somme de tous ces petits plaisirs faisant notre bonheur….et nos désirs sont insatiables….on doit tous afficher une belle vitrine de sa vie à peu près identique à celle des autres….et tout cela au détriment des personnes les plus fragiles….Arrêtons la tyrannie du court terme.

Cette situation crée des monopoles, favorise les plus gros et l’argent n’est plus corrélé au travail, mais beaucoup trop à la spéculation. Cette société du toujours plus compétitif aboutit paradoxalement à ce que des opérateurs dans les filiales, notamment agricoles, ne vivent pas décemment de leur activité et une grande distribution très développée qui tire les prix vers le bas et qui concentre tous les profits.

Pour changer cela, il faut un sursaut collectif qui doit venir d’en bas, il ne faut pas attendre que les politiques ou la loi change les choses, qu’un homme providentiel comme a pu l’être le Général de Gaulle détienne la formule miracle.

Cet élan collectif doit être porté par chacun de nous qui se met à l’œuvre en entreprenant sa vie, c’est-à-dire trouver ce pourquoi nous sommes chacun fait, ce que nous avons au fond de nous… Notre vocation…. Qui fait que nous allons nous épanouir et donner aux autres l’envie de faire de même et générer ainsi un élan collectif…. C’est ce que Philippe ROYER appelle l’économie du bien commun : c’est-à-dire créer des conditions sociales permettant à chacun et au groupe de s’épanouir, cela fait une large place à l’esprit d’entreprendre dans le sens où chaque être humain doit apporter sa contribution, chacun a le devoir d’entreprendre sa vie…. Tout le monde n’est pas appelé à être chef d’entreprise, mais tout le monde peut agir là où il habite…. Nous devons créer des biens et services dans le souci de tous et la défense de la dignité de chacun et notamment des plus fragiles. Je souhaite notamment travailler avec des personnes handicapées.

 

Cela peut apparaître une utopie, mais nous avons besoin d’utopie pour avancer.

 

Je me dis souvent, qui es-tu pour penser et crier haut et fort tout cela : une partie de la réponse est dans ce texte écrit par Marianne WILLIAMSON et prononcé par Nelson MANDELA :

 

«  Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.

Notre peur la plus profonde est d’être puissants au-delà de toute limite, c’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.

Nous nous posons la question : “ Qui suis-je, moi, pour être brillant, talentueux et merveilleux ? ”.

En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ?

Vous restreindre et vivre petit ne rend pas service au monde.

L'illumination, ce n’est pas de vous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres.

Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.

Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus : elle est en chacun de nous,  et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.

En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. »

 

Je ne sais pas où cela va me mener et nous mener lorsque je pense à ma famille, mais je sens profondément aujourd’hui que ma place est dans la création de cette ferme, même si je connais les risques et mes limites, et je veux essayer de prouver que l’on peut dignement vivre d’une activité agricole… Je ne suis pas manuel, je dis souvent que je ne sais pas changer une ampoule, mais je suis très enthousiaste ! Depuis que je me suis lancé, j'ai autour de moi des gens qui me soutiennent et m'entourent et pas forcément des gens que je connaissais avant. Je trouve cela très beau et réconfortant ! Je rêve  (si cela marche !!!!), de travailler en coopération avec d’autres producteurs locaux et donner l’envie à d’autres de se lancer pour proposer d’autres produits pour permettre aux gens de trouver le maximum de produits en local.

 

Mais pour que cela marche, il y a pour le consommateur un choix actif à faire : se fournir chez des petits producteurs en payant un peu plus cher qu’au supermarché : consommer moins, mais mieux, de décider dans les conseils municipaux de reprendre des cuisiniers dans les cantines et acheter local et ne plus avoir recours aux SODEXO et autres sociétés….. J'ai des idées pleines la tête qui je sens me dépassent un peu !…

 

Aujourd'hui, j'ai besoin d'avoir une vie alignée avec mes aspirations profondes, d'être unifié.

Je pense que l'on peut changer le monde sans faire des choses extraordinaire mais en réalisant dans notre quotidien des choses simples chacun en fonction de ses moyens. Chacun doit faire sa part qui n'est pas la même pour tous.

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